Une entrevue réalisée à Paris, au mois de mai dernier, pour le site fnaclive.comStéphanie Lapointe, l'interview 21/07/2008
C’est au cours de son passage à Paris, de retour du Darfour et avant l’enregistrement de son deuxième album que Stéphanie Lapointe a bien voulu répondre à quelques questions. On la retrouve telle qu’elle, sincère généreuse et à l’écoute des autres. Un grand merci à elle.
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Vous avez participé à la Star Academy au Québec et en avez été la gagnante en 2004. Pourquoi avoir participé à cette émission ? Quelles expériences en avez-vous retiré ? Il y a quatre ans, je devais faire mon inscription pour les études universitaires et j’hésitais entre une école Torontoise spécialisée en théâtre et musique ou un programme d’études internationales à l’Université de Montréal. Par hasard, je marchais avec une copine au centre-ville de Montréal et nous avons vu que des auditions pour la Star Academy avaient lieu. Ma copine voulait faire les auditions alors elle m’a demandé d’aller chercher mon clavier à la maison pour que je puisse l’accompagner. De fil en aiguille je me suis retrouvée devant les membres du jury qui m’ont demandé de chanter… Voilà, c’était alors le point de départ d’une aventure qui a laissé son emprunte sur ma vie ! Participer à ce genre de concours est une arme à double tranchant... J'ai l'impression qu'il faut savoir garder les yeux grands ouverts mais les pieds, bien sur terre, pour que ça demeure une expérience positive.
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Vous ne semblez pas être rentrée dans le courant médiatique et commercial des gagnants de la Star Academy. Est-ce que cela a été difficile d'imposer votre rythme et votre univers artistique ?Je crois que dès le départ, il était assez clair pour les gens de mon label que je voulais prendre le temps de travailler sur cet album. J'avais besoin de présenter quelque chose de plus personnel que ce que j'avais pu faire sur la scène de la Star Academy. Je savais que je décevrais certaines personnes mais qu'il y aurait aussi un public qui me suivrait dans ma démarche. Je crois que tous les artistes, les musiciens, sont confronté à ce genre de décision au terme de chaque projet. On fait le pari de suivre notre instinct et notre cœur et parfois... ça s'avère être la meilleure décision à prendre.
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Comment décrireriez-vous votre 1er album ? Pourquoi ce titre ?C'est après le mastering que j'ai décidé pour le titre de l'album. « Sur le fil » évoquait l'idée de trouver son point d'équilibre, son lieu d'encrage. Le fragile passage vers le monde adulte. Je savais qu'après ce premier album, si je décidais de poursuivre dans le domaine artistique, je devrais m'y investir totalement. Accepter de me jeter dans le vide sans vraiment savoir où tout ça me mènerait.
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Vous avez collaboré avec Joseph Marchand, Francis Collard et Catherine Durand, des auteurs, compositeurs et réalisateurs de grand talent ? Etait-ce une volonté de votre part de travailler avec eux ? Comment vous êtes vous rencontrés ? Je voulais mener ce projet avec Francis Collard pour la réalisation de mon premier album, « Sur le fil ». Je crois que mon parcours aurait été complètement différent si je n'avais pas croisé la route de Francis. Il m'a permis de rencontrer certains musiciens et je n'ai jamais voulu changer d'équipe depuis. Je pense surtout à Joseph Marchand, un guitariste et arrangeur de talent. Depuis ce jour, Joseph et moi on ne passe pas une semaine sans jouer de musique ensemble. Il est talentueux et profondément amoureux de son métier. Je crois qu'il m'a transmis un précieux héritage, celui de la curiosité et de la ténacité. Il retourne toujours les pièces et les notes dans tous les sens ! Il peut recommencer une chanson cinquante fois, s'il ne pense pas avoir trouvé ce qu'il cherche ! J'adore ça !
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Cet album était-il en préparation depuis longtemps dans votre tête ? En vérité, les mois qui ont passé après la fin de Star Academy étaient complètement fous ! J'ai fait plusieurs auditions et j'ai eu la chance de camper un rôle dans un long-métrage et une télé-série. J'ai alors passé plus de temps sur les plateaux de tournages, qu'en studio. Avec le recul, je crois que ça a été une très bonne chose. Le studio est devenu un refuge pendant cette année et demie. Francis et moi passions beaucoup de temps ensemble à préparer ce projet, à y réfléchir. Ça a donc été assez naturel quand est venu le temps de l'enregistrement.
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Quelles sont vos influences musicales majeures ?Benjamin Biolay, Mathieu Boogaerts, Richard Desjardins, Gainsbourg, Cocorosie, Gellian Welch, Radiohead, Bjork...Keren Ann, Gonzales !
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Vous n'êtes pas que chanteuse ? Pouvez-vous nous parler de vos expériences en tant qu'actrice ? Est-ce facile de se faire accepter lorsque l'on vient de la chanson ?Je me souviendrai toujours de la première journée que j'ai passée sur un plateau. J'étais tellement impressionnée et déstabilisée par l'ampleur du tournage ! Mais je gardais tout à l'intérieur. Je voulais être comme les autres acteurs. À la hauteur ! J'avais le sentiment de ne pas avoir mérité ma place. Je savais que pour bon nombre de gens, j'avais eu cette chance grâce à mon passage à la Star Academy. Et ils avaient probablement raison. Mais je savais aussi que ce genre de rôle se mérite et j'étais prête à tout pour pouvoir honorer la place qu'on m'avait donnée. Des acteurs très respectés me donnaient la réplique et ils ont été très généreux envers moi. J'ai engagé une professeur de jeu de l'École Nationale de théâtre avec laquelle j'ai travaillé durant plusieurs mois. La confiance qu'elle a en moi me donne des ailes chaque fois.
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Vous êtes porte-parole des associations Care et Unicef. Votre engagement est très fort et très actif. Pourquoi avez-vous choisi ces 2 associations ? Pouvez-nous nous parler des différents projets auxquels vous avez participé activement ? Pourquoi y avoir participé ? Qu'est-ce que cet engagement et ces expériences vous apportent dans votre art ?J'ai travaillé avec Care durant quelques mois sur un projet mené en Tanzanie. Nous sommes allés gravir le Kilimandjaro, le plus haut sommet d'Afrique, au profit des projets de l'organisme. Ça a été une campagne vraiment agréable à mener. Le défi était beaucoup plus grand que je l'avais imaginé, mais heureusement...ce n'est qu'une fois les souliers dans les pieds que j'en ai pris conscience ! Je suis devenue ambassadrice pour l'Unicef plus récemment. J'ai eu envie de m'associer à eux parce que je crois sincèrement en le travail que mène l'organisme auprès des enfants dans les pays en développement. Nous sommes en train de mettre sur pied un projet de long-métrage au Darfour et c'est pourquoi j'ai pu me rendre dans la région, notre projet étant appuyé par l'Unicef. Je ne peux pas dire exactement en quoi ce voyage au Darfour m'aura transformé, probablement parce que tout est trop récent et que je dois prendre le temps d'y réfléchir, faire de l'ordre dans mes idées. Je sais une chose par contre, c'est que ce genre d'expérience nous force à ouvrir les yeux. J'ai le sentiment d'avoir voyagé très loin mais de m'être rapprochée de moi-même et surtout de ce peuple que j'admire pour sa force et sa dignité.
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Vous êtes en train de préparer et enregistrer votre 2ème album ? Pouvez-vous nous en dire plus ? Avez-vous les mêmes collaborateurs ? Je travaille sur cet album depuis un peu plus d'un an. Joseph Marchand et moi avons co-écrit la plupart des musiques et je signe les textes. Joseph Marchand et Mélik Alexandre Farah partagerons la production, la réalisation du prochain album. Nous entrerons en studio pour les premières sessions d'enregistrement dans quelques jours et j'ai très hâte de pouvoir enfin mettre des couleurs sur ces chansons que nous avons écrites au fil des mois. J'ai la chance de travailler avec deux personnes que j'admire pour leur talent et leur originalité, mais aussi, je me suis fait deux amis précieux au fil des ans, et je crois que ça s'entendra dans notre musique.
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Qu'aimeriez-vous dire en conclusion aux personnes qui liront cette interview ?D'abord merci de vous être rendus au bout de l'interview ! Parce que quand on me demande d'écrire, je deviens très loquace et j'en dit beaucoup !! Mais surtout, je me sens très privilégiée de pouvoir partager ma musique avec des gens d'un autre pays, en Français. J'espère vous retrouver en concert dans les mois qui viendront !
http://www.fnaclive.com/blogs/culture-quebecoise/stephanie-lapointe-linterview-part-1