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| Le Devoir | |
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Québeau Membre VIP (50 Messages et plus)
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| Sujet: Le Devoir Ven Mar 06 2009, 19:47 | |
| Entrevue avec Stéphanie Lapointe - Chaque fois le grand saut Sylvain Cormier Édition du vendredi 06 mars 2009 Photo: Pedro Ruiz Là, maintenant, alors que vous lisez ces lignes, décalage horaire pris en compte, Stéphanie Lapointe, flanquée du guitariste Joseph Marchand et du claviériste Mélik-Alexandre Farhat, s'apprête à monter sur la scène de l'Olympia. Ou elle y est déjà. Peut-être chante-t-elle en ce moment même L'Eau salée, l'une des deux merveilles que Pierre Lapointe et Philippe B. ont sorties de leur haut-de-forme pour son deuxième album. Mardi, à trois jours d'affronter le Tout-Paris médiatique, elle sourit gentiment quand je lui tâte le système nerveux. Eh! La première partie d'Isabelle Boulay à l'Olympia, deux soirs, quatre chansons nouvelles à casser et à défendre, ça devrait rendre fébrile. «Je ne jouerai pas de piano, c'est la seule concession que je fais au stress. Sinon, ça va. On a tellement répété. Et puis c'est une salle assise. Le public d'Isabelle est respectueux, j'en suis certaine. Au pire, je crains une froideur.» Elle est comme ça. De celles qui s'avancent sur le tremplin, plongent, et advienne que pourra. «Je redeviens comme ça, en fait. Plus jeune, avant Star Académie, je faisais du théâtre; y avait rien qui pouvait m'arriver sur scène. Jamais peur de déplaire. Et puis à Star Académie, plus les galas passaient, moins je me trouvais bonne, et plus les gens aimaient ça. Et puis j'ai gagné et je faisais des entrevues au lieu de faire de la musique, et là, je stressais en masse. Les gens que j'admirais le plus trouvaient moyen ce que je faisais, et c'était moyen! Et puis, peu à peu, j'ai retrouvé ma confiance. En allant vers les gens que j'aimais.» Ç'a donné Sur le fil, premier album de folk-pop délicat, où elle chante du Catherine Durand, quatre fois plutôt qu'une, et du Sylvie Paquette. «J'avais le goût très fort d'apprendre d'elles. C'est grâce à elles que j'ose signer autant de textes sur cet album-ci. Je suis sortie du premier album avec des assises.» Ce qui ne voulait pas dire récidiver: du premier album, il ne reste que Joseph Marchand, complice des Pierre Lapointe et Ariane Moffatt. L'approche est plus piano que guitare, avec des échafaudages pop bâtis dessus. Façon Pierre Lapointe. Cordes à l'avant-plan, mélodies ambitieuses, arrangements sophistiqués. «Oui, c'est encore un virage à 90 degrés. J'imagine que j'explore comme ça. Je pense que j'ai besoin d'aller voir ailleurs comment les choses se font.» D'où le Darfour, où la porte-parole de Care «n'a même pas les mots pour dire» ce qu'elle a vu, vécu et ressenti dans les camps de déplacés. D'où le Kilimanjaro escaladé. «C'est mon équilibre. J'ai besoin de savoir que je peux faire autre chose que de la musique. Même si on a passé trois ans à faire l'album, qu'on a changé de studio quatre fois, qu'on a tout mis là-dedans avec Joseph et Mélik, ce n'est pas la fin du monde pour autant. C'est rien qu'un album de chansons. Discuter pendant des jours au Darfour avec un enfant soldat, c'est autre chose.» Le propre du risque est de ne pas toujours payer. Aller du côté Pierre Lapointe du miroir, c'est s'exposer à un style très marqué. Déjà qu'il y a Coeur de pirate qui batifole dans ce terrain-là. Avec un timbre de même grain fin. «Je sais. Il y a une proximité. J'assume ça. Tant pis, c'est l'album que je voulais. Mon copain dit que je collectionne les suicides artistiques...» Beau risque. Duo délicieux avec Albin de la Simone, du Pierre Lapointe de première qualité, des mélodies liquéfiantes et diaphanes, une expérience d'écoute à laquelle on s'abonnerait à l'infini, de bien beaux textes tristes comme ceux de Françoise Hardy. Dont la biographie accompagne Stéphanie partout ces jours-ci: «Elle est tellement paradoxale. Elle aime la chanson, mais pas tellement les siennes, ni sa voix; elle déteste le showbiz, mais continue à faire ce métier. Sa force, c'est qu'elle dure.» Ce n'est pas un hasard: le nouvel album de Stéphanie Lapointe s'intitule Donne-moi quelque chose qui ne finit pas. | |
| | | Fandesteph Admin
Nombre de messages : 364 Age : 40 Localisation : Longueuil Emploi : Technicien de scene - Promo d'artistes Chanson préféré: : Rose Transparente Date d'inscription : 19/03/2007
| Sujet: Re: Le Devoir Sam Mar 07 2009, 05:02 | |
| - Québeau a écrit:
- Entrevue avec Stéphanie Lapointe - Chaque fois le grand saut
Sylvain Cormier Édition du vendredi 06 mars 2009
Photo: Pedro Ruiz
Là, maintenant, alors que vous lisez ces lignes, décalage horaire pris en compte, Stéphanie Lapointe, flanquée du guitariste Joseph Marchand et du claviériste Mélik-Alexandre Farhat, s'apprête à monter sur la scène de l'Olympia. Ou elle y est déjà. Peut-être chante-t-elle en ce moment même L'Eau salée, l'une des deux merveilles que Pierre Lapointe et Philippe B. ont sorties de leur haut-de-forme pour son deuxième album.
Mardi, à trois jours d'affronter le Tout-Paris médiatique, elle sourit gentiment quand je lui tâte le système nerveux. Eh! La première partie d'Isabelle Boulay à l'Olympia, deux soirs, quatre chansons nouvelles à casser et à défendre, ça devrait rendre fébrile. «Je ne jouerai pas de piano, c'est la seule concession que je fais au stress. Sinon, ça va. On a tellement répété. Et puis c'est une salle assise. Le public d'Isabelle est respectueux, j'en suis certaine. Au pire, je crains une froideur.»
Elle est comme ça. De celles qui s'avancent sur le tremplin, plongent, et advienne que pourra. «Je redeviens comme ça, en fait. Plus jeune, avant Star Académie, je faisais du théâtre; y avait rien qui pouvait m'arriver sur scène. Jamais peur de déplaire. Et puis à Star Académie, plus les galas passaient, moins je me trouvais bonne, et plus les gens aimaient ça. Et puis j'ai gagné et je faisais des entrevues au lieu de faire de la musique, et là, je stressais en masse. Les gens que j'admirais le plus trouvaient moyen ce que je faisais, et c'était moyen! Et puis, peu à peu, j'ai retrouvé ma confiance. En allant vers les gens que j'aimais.»
Ç'a donné Sur le fil, premier album de folk-pop délicat, où elle chante du Catherine Durand, quatre fois plutôt qu'une, et du Sylvie Paquette. «J'avais le goût très fort d'apprendre d'elles. C'est grâce à elles que j'ose signer autant de textes sur cet album-ci. Je suis sortie du premier album avec des assises.» Ce qui ne voulait pas dire récidiver: du premier album, il ne reste que Joseph Marchand, complice des Pierre Lapointe et Ariane Moffatt. L'approche est plus piano que guitare, avec des échafaudages pop bâtis dessus. Façon Pierre Lapointe. Cordes à l'avant-plan, mélodies ambitieuses, arrangements sophistiqués. «Oui, c'est encore un virage à 90 degrés. J'imagine que j'explore comme ça. Je pense que j'ai besoin d'aller voir ailleurs comment les choses se font.»
D'où le Darfour, où la porte-parole de Care «n'a même pas les mots pour dire» ce qu'elle a vu, vécu et ressenti dans les camps de déplacés. D'où le Kilimanjaro escaladé. «C'est mon équilibre. J'ai besoin de savoir que je peux faire autre chose que de la musique. Même si on a passé trois ans à faire l'album, qu'on a changé de studio quatre fois, qu'on a tout mis là-dedans avec Joseph et Mélik, ce n'est pas la fin du monde pour autant. C'est rien qu'un album de chansons. Discuter pendant des jours au Darfour avec un enfant soldat, c'est autre chose.»
Le propre du risque est de ne pas toujours payer. Aller du côté Pierre Lapointe du miroir, c'est s'exposer à un style très marqué. Déjà qu'il y a Coeur de pirate qui batifole dans ce terrain-là. Avec un timbre de même grain fin. «Je sais. Il y a une proximité. J'assume ça. Tant pis, c'est l'album que je voulais. Mon copain dit que je collectionne les suicides artistiques...»
Beau risque. Duo délicieux avec Albin de la Simone, du Pierre Lapointe de première qualité, des mélodies liquéfiantes et diaphanes, une expérience d'écoute à laquelle on s'abonnerait à l'infini, de bien beaux textes tristes comme ceux de Françoise Hardy. Dont la biographie accompagne Stéphanie partout ces jours-ci: «Elle est tellement paradoxale. Elle aime la chanson, mais pas tellement les siennes, ni sa voix; elle déteste le showbiz, mais continue à faire ce métier. Sa force, c'est qu'elle dure.» Ce n'est pas un hasard: le nouvel album de Stéphanie Lapointe s'intitule Donne-moi quelque chose qui ne finit pas. Merci Québeau | |
| | | Québeau Membre VIP (50 Messages et plus)
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| Sujet: Re: Le Devoir Sam Aoû 08 2009, 09:55 | |
| Stéphanie Lapointe et Jane Birkin au théâtre Maisonneuve de la Pda.Cette chanson qui se joue à l'archetPas de batterie pour Stéphanie. Pas de batterie pour Jane. Une contrebasse à l'archet pour Stéphanie. Un violoncelle et une contrebasse pour Jane. Tiens donc. C'était pas exprès. Edith Fambuena, la guitariste des Valentins, réalisatrice de Daho, Bashung et La Grande Sophie, qui a arrangé tout l'album Enfants d'hiver de Jane Birkin et tout le spectacle du Palace que reprenait Jane vendredi soir au théâtre Maisonneuve de la PdA (l'album live est en magasin le 22 septembre), n'a pas consulté Joseph Marchand, lequel a arrangé tout Donne-moi quelque chose qui ne finit pas, le deuxième album de Stéphanie Lapointe. C'est par hasard. Et c'est pas du tout par hasard. C'est dans l'air du temps, dans l'air des airs d'aujourd'hui, une sorte de retour à une beauté sobre, une volonté commune de rafraîchir l'oreille sans la remplir, une issue à la sempiternelle formule de l'orchestre d'accompagnement guitare-basse-batterie-claviers. Quelque chose comme le retour du raffinement dans le goût. Vendredi, la première partie de Stéphanie Lapointe et le spectacle de Jane Birkin bénéficiaient également de ce parti-pris d'en faire moins, de ce désir d'aérer les sons, de faire de la place. C'était le même ravissement auditif qu'au récital de Juliette Gréco, où piano et accordéon suffisaient à tout rendre. Tout? Toute la gamme des émotions. Au spectacle de Jane, c'était frappant, il suffisait d'une guitare électrique pour que ça déménage dans Ford Mustang ou L'Anamour: quelques hachures et l'attitude rock y était. Pas besoin de plus. Et il suffisait pareillement d'un archet pour que la contrebasse donne l'entière mesure de la gravité d'Il n'y a pas d'amour heureux, le poème si extraordinairement triste d'Aragon tel que mis en musique par Brassens et tel que relu par Stéphanie Lapointe. Ce minimalisme dans l'approche m'apparaît comme un signe de maturation dans la chanson post-rock: ça veut dire qu'on a moins peur du vide. Ça voulait dire vendredi que Stéphanie comme Jane, ces deux femmes aux voix toutes petites, n'avaient pas peur que leurs voix toutes petites ne puissent porter jusqu'à nous les mots et les émotions. Au contraire, elles profitaient de cet espace où elles n'avaient pas à chanter par dessus la musique, à se battre contre la musique. Tout était en phase, une sorte de nouveau traité de paix musicale où de bien belles choses peuvent se passer. Je pense à ces harmonies complexes entre Stéphanie et sa choriste dans Une fleur, je pense à cette réinvention par le morcellement de Sous le soleil exactement, au reggae de Gainsbourg dans Pas long feu simplement évoqué par une mandoline frottée en rythme: toute la soirée se déroulait ainsi sous le signe de la subtilité, de la finesse, du goût exquis. Et chacune à sa façon, Stéphanie et Jane se montraient dignes de tels soins. Simplicité, pudeur, naturel, elle avaient toutes deux le chic sans l'ostentation. Le charme sans le racolage. La chaleur sans chercher à donner chaud. Chouettes grandes petites filles toutes les deux, telle La Grande Sophie l'autre jour, et même Juliette Gréco au même Maisonneuve. De la noblesse sans ambages. Il fallait voir Stéphanie Lapointe trop contente d'avoir Albin de la Simone avec elle pour deux chansons (dont leur duo de l'album, une merveille intitulée À quoi). Il fallait voir Jane trop heureuse qu'on aime ses chansons d'Enfants d'hiver, les premières qu'elle signe après avoir tant chanté son Serge (qu'elle n'oublie pas et ramène dès qu'elle peut). «Ça me touche, vous pouvez pas imaginez.» Mais si, on peut. Elle nous touchait aussi, et Stéphanie itou: la candeur, la conviction, l'intensité, la beauté, ça fait son effet. Et quand, en plus, les chansons déjà belles sont si joliment arrangées, c'est franchement plaisant. À l'archet, par moments, je vous le dis comme je le pense, c'est comme si la chanson touchait à l'art. Et à l'âme. http://www.ledevoir.com/2009/08/08/262131.html | |
| | | Steve Membre Actif Confirmé (Minimum 35 Messages)
Nombre de messages : 46 Age : 48 Localisation : Victoriaville Chanson préféré: : Une Fleur Date d'inscription : 26/03/2009
| Sujet: Re: Le Devoir Sam Aoû 08 2009, 10:00 | |
| Wow....Merci Quebeau pour cet article. Dommage que Stéphanie ne parte pas en tournée. J'ai vu quelques extraits du spectacle sur le site de la presse et franchement Stéphanie semblait en pleine forme. Elle était d'une beauté et les arrangements étaient superbes. Gardons espoir que la tournée s'effectue plus tard en 2010 | |
| | | Godot Admin
Nombre de messages : 62 Age : 70 Localisation : Québec Chanson préféré: : L'île Date d'inscription : 10/05/2009
| Sujet: Re: Le Devoir Sam Aoû 08 2009, 18:51 | |
| Merci beaucoup....excellente critique | |
| | | jasmine Membre Actif Confirmé (Minimum 35 Messages)
Nombre de messages : 42 Age : 87 Localisation : Lemoyne Chanson préféré: : Le premier cd plus L,ile du 2ième. Date d'inscription : 20/03/2009
| Sujet: Re: Le Devoir Dim Aoû 09 2009, 19:38 | |
| Merci Québeau.Très bon article,Stéphanie sera a Bons baisers de France Jeudi soir,le 13 août. | |
| | | Gil Bender Modérateur
Nombre de messages : 210 Age : 48 Localisation : Trois-Rivières Emploi : Commis de nuit Loisirs : Musique, lecture, écriture, hockey Chanson préféré: : Je promets Date d'inscription : 30/12/2006
| Sujet: Re: Le Devoir Mer Aoû 12 2009, 18:04 | |
| Merci pour cet article très intéressant. J'ai tellement hâte à une tournée moi aussi. | |
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| Sujet: Re: Le Devoir | |
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| | | | Le Devoir | |
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