Critiques du spectacle

Stéphanie Lapointe est passée par-dessus sa timidité pour chanter devant des millions de personnes le dimanche soir à la télé. Mais l’expérience ne lui a pas donné toute la confiance qui aurait facilité sa rencontre avec le public.

La gagnante de Star Académie 2 offrait hier soir au Petit Champlain le premier de deux concerts à Québec. Et c’était son premier spectacle à elle devant des journalistes. Elle a dit se sentir comme la petite fille qui prépare un spectacle pour la famille et qui est gênée de le présenter. Alors on n’était pas tout à fait certain d’avoir le droit d’être là puisqu’elle semblait douter de sa légitimité en tant qu’artiste de scène. Mais on avait envie de lui dire d’avoir confiance parce que du talent, elle en a beaucoup. Elle chante comme un ange, avec une délicatesse infinie ; elle sait habiter ses chansons et elle a su aussi les réinventer pour leur donner vie sur scène.

En fait, c’est surtout quand elle nous parlait, et en dépit de son humour, qu’on ressentait un malaise devant sa nervosité. Cela dit, en seconde partie, dans sa jolie robe blanche, la charmante Stéphanie a occupé la scène avec beaucoup plus d’assurance.








En plus d’interpréter une dizaine de chansons de son album Sur le fil, la jeune chanteuse a fait découvrir le cadeau reçu de Daniel Bélanger, mais aussi celui, plus beau encore, de Mara Tremblay (qui s’appelle justement La Perle). Elle a aussi emprunté chez Joni Mitchell la magnifique River, très joliment interprétée ; un titre des Beatles, un autre du Français Raphaël, qu’elle a oublié d’identifier, et évidemment, sa chanson porte-bohneur : L’Infidèle de Claude Dubois.

La mise en scène invitait à la fois à l’intimité et à l’évasion. Décor d’appartement, fenêtres ouvertes qui servaient d’écrans pour des projections évocatrices, éclairages subtils. Tout cela a bien servi le concert, comme une touche de poésie supplémentaire, mais assez discrète pour ne pas attirer toute l’attention.

Au moment du rappel, alors qu’elle croyait les journalistes partis, Stéphanie Lapointe est parvenue à un véritable partage avec son public. Seule derrière son piano, elle nous a offert la rencontre musicale de Claude Léveillée et d’Édith Piaf, anciens amants réunis dans un mélange de leurs chansons imaginé la veille. Comme, en plus, la jeune chanteuse s’est approprié ces univers de manière très personnelle, on a eu l’impression de recevoir enfin tout ce qu’elle est capable de donner en émotion quand elle s’abandonne entière au plaisir de la scène.

merci godot très belle critique .Pour moi sa nervosité sur scène c' est ce qui fait son charme. Elle prendra jamais rien pour acquis et c'est nous les spectateurs qui vont en bénéficiés.
Longue vie stéphanie et merci d' être ce que tu es.

Bonne critique

STÉPHANIE LAPOINTE AU GESÙ

Un papillon envoûtant

Pascale Lévesque
Le Journal de Montréal
21-02-2007 | 05h48

Stéphanie Lapointe a beau être frêle, toute menue, elle a le charisme et le magnétisme pour envoûter une salle complète. Elle l'a d'ailleurs fait de belle façon hier, lors de la première montréalaise de son spectacle au Gesù, faisant du même coup la preuve qu'elle est une artiste à part entière.

La gagnante du 2e Star Académie est assurément sortie de son cocon. Déjà que son premier album n'avait rien à voir avec les idées péjoratives qu'on pouvait se faire des ressortissants de «l'académie», son spectacle Sur le fil vient les effacer complètement.

Stéphanie Lapointe a son univers bien à elle et c'est dans ce dernier qu'elle nous accueille. Son décor reproduit un grand salon d'appartement; c'est un peu comme si elle nous invitait à assister à la répétition de son band - dont font partie Joseph Marchand, Tony Albino et Joseph Gill-Lussier.

C'est seule au piano que Stéphanie nous reçoit, avec Libre comme l'eau, une chanson de Dave Richard qu'elle s'approprie très bien, avec justesse. Chose qu'elle saura faire tout au long de la première partie, soit nous livrer des interprétations très personnelles des textes. Comme celui du chanteur français Raphaël, 150 Ans, qui suivra, ou encore L'Infidèle, de Claude Dubois, qu'elle avait déjà fait, mais qu'elle a su encore une fois revisiter.

On remarque tout de suite la grande qualité de la chanteuse: son magnétisme. Peu importe ce qu'elle chante ou ce qu'elle dit, on l'écoute. Comme si elle nous envoûtait. Peut-être est-ce dû à sa voix aérienne, sinon à sa façon de se livrer de façon si personnelle, rappelant un peu Ariane Moffatt.

Mise en scène très soignée

La magie du spectacle tient de l'interprète, bien sûr, mais aussi beaucoup de la scénographie et de la mise en scène. On sent vraiment le travail minutieux derrière. Le metteur en scène Dominique Laurence a réussi à traduire dans ce tableau toute l'authenticité de Stéphanie.

Derrière, ce qui semble être la fenêtre du salon sert en fait de toile pour projeter des courts métrages, des petits extraits animés ou simplement des effets de couleur.

Sans prendre toute la place ou détourner l'attention, ces petits bouts de film servent au contraire les paroles et la musique de Stéphanie.

Notamment dans Love You, la toute première composition de Stéphanie, inspirée de Noémie, une petite patiente de l'hôpital Sainte-Justine qui n'a pas survécu à ses traitements.

Presque pas d'accrocs, si ce n'est que, parfois, le spectacle a tendance à être trop linéaire.

Reste qu'à entendre les applaudissements, qui étaient aussi sincères que sa prestation, Stéphanie Lapointe n'a sûrement pas déçu tous ceux qui étaient venus l'encourager, dont d'anciens académiciens (Meggie, Corneliu, Étienne Drapeau, Marc Angers) et des artistes notoires (Louise Forestier, Ariane Moffatt, Stefie Shock).

Le Journal de Montréal n'a assisté qu'à la première partie du spectacle, heure de tombée oblige.

Critique de La Presse:


Stéphanie Lapointe a présenté hier soir la première de son tout premier spectacle à Montréal, dans un très joli décor évoquant un appartement et dans une mise en scène de Dominique Laurence, qui a réalisé le premier (et beau) vidéoclip de la gagnante de Star Ac 2004, pour sa chanson La mer.
Photo Martin Chamberland, La Presse





Stéphanie Lapointe : comme une fenêtre grande ouverte

Marie-Christine Blais

La Presse

Dans le très joli décor du tout premier spectacle de Stéphanie Lapointe, gagnante de Star Académie 2004, il y a une large fenêtre dans laquelle sont projetés de petits films, des dessins, des éclairages. Stéphanie Lapointe est exactement à l'image de cette fenêtre : fragile comme du verre, mais, d'abord et avant tout, source de lumière et large ouverture sur l'univers.

Hier soir, lors de sa première au Gesù où se pressaient tant Ariane Moffatt, Stefie Shock, Catherine Durand que les star-académiciens Meggie et Corneliu, c'était plus qu'une chanteuse et pianiste douée, plus qu'une interprète un peu auteure qui était sur scène. C'était une artiste, plus complète et plus complexe, surprenante et séduisante.

La dernière fois qu'on a vu ainsi surgir quelqu'un d'à la fois aussi prometteur et accompli sur les planches, c'était quand? Au tout premier vrai spectacle de Marie-Jo Thério il y a une dizaine d'années? À celui d'Ariane Moffatt, justement, à l'Usine C? Au show en formule solo de Dumas ou aux premières représentations de Pierre Lapointe ? Stéphanie Lapointe est en tout cas de cette trempe-là, ce qui ne signifie pas qu'elle est pour autant parfaite. Mais entourée d'exceptionnels musiciens - Joseph Marchand aux guitares et à la direction musicale, l'incroyable Tony Albino à la batterie, Joseph Gill-Lussier à la contrebasse et Mélik Farhat aux programmations -, appuyée par des éclairages magnifiques d'Alexandre Péloquin et dans une mise en scène vraiment inspirée de Dominique Laurence, la gracile Stéphanie a relevé le défi de la rentrée montréalaise sans l'ombre d'un effort, semble-t-il, tant la scène est son habitat naturel. Et aussi, reconnaissons-le, tant les leçons de Star Ac ont aussi porté leurs fruits.

Avec son timbre qui oscille entre chuchotis gracieux, bruissement et souffle - un timbre pourtant étonnamment puissant, un peu à la manière de Françoise Hardy ou de Carla Bruni -, la très jeune femme a interprété pratiquement toutes les jolies chansons de son premier album Sur le fil, souvent magnifiées par les arrangements de Marchand, et y a mêlé des inédites signées notamment Daniel Bélanger (Entre deux néants) ou des reprises inspirées comme L'infidèle de Claude Dubois. Sa version de River de Joni Mitchell était charmante, mais manquait toutefois un peu de tonus.








Car elle n'est pas sans défaut, la délicieuse Stéphanie. Son air gauche et femme-enfant finit par lasser un peu, ses dandinements se répètent, ses chansons ne sont pas d'égale valeur... Mais pour un tout premier spectacle, devant un parterre composé de médias et d'invités de tous âges - ados et adultes confondus et manifestement tous ravis -, répétons-le, c'était vraiment réussi.

Et si son spectacle comme son album sont baptisés Sur le fil, qu'on ne s'y trompe pas : Stéphanie Lapointe ressemble à un mince fil d'argent, mais elle est en fait toute d'acier trempé, de ce fil qui peut traverser le temps.

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Stéphanie Lapointe, ce soir, au Gesù 1200, rue De Bleury.